jeudi 12 mars 2009

Questions au gouvernement à l'assemblée sur la masterisation, 11 mars 2009

La réforme de la formation des enseignants à fait l'objet hier de deux questions au Gouvernement :
M. René Couanau. Monsieur le ministre de l'éducation nationale, pouvez-vous nous préciser quelles réponses vous pouvez apporter à ceux qui s'inquiètent [..] des modalités de la nouvelle formation des enseignants du premier et du second degré ?
La principale interrogation porte, je crois, sur la formation professionnelle des professeurs des écoles, des collèges et des lycées, désormais confiée entièrement aux universités dans un cursus conduisant au master. [..] Cette question ne pouvant être épuisée après un bref échange de deux fois deux minutes, ne pensez-vous pas, monsieur le ministre, qu'elle mériterait, même s'il s'agit du domaine réglementaire, un débat organisé et approfondi dans notre hémicycle ? [..]

M. Xavier Darcos. [..] Le fait de recruter des professeurs à bac plus cinq mettra la France dans une situation comparable à celle de tous les pays développés, pour le plus grand intérêt des enseignants.
Par ailleurs, nous voulons rompre avec le système [..] qui pousse un grand nombre d’étudiants à s’inscrire dans ces filières de formation, certains avec très peu de chances d’aboutir, au point que, chaque année, 100 000 d’entre eux s’engagent dans des formations professionnelles sans réussir le concours.
Troisièmement, nous voulons que les étudiants bénéficient d’une formation pragmatique et concrète. [..] J’entends souvent dire que nous aurions instauré la mastérisation pour supprimer les formations pratiques. Il n’en est rien.
D’une part, au cours de l’année de préparation au concours, les étudiants de M2 pourront effectuer des stages rémunérés [..]
D’autre part, je tiens à le dire devant la représentation nationale : le Premier ministre a décidé que, lorsqu’ils auront été reçus au concours, ils seront pendant un an en situation d’alternance. Ils pourront ainsi continuer à se former tout en enseignant. [..]

  • question de Pascal Terrasse (SRC) à propos de la formation des maître et de la suppression des antennes IUFM (extraits)
M. Pascal Terrasse. Monsieur le président, ma question, à laquelle s’associe Martine Martinel, s’adresse à M. le ministre de l’éducation nationale. Monsieur le ministre, vous ne nous dites pas tout. En effet, non content de supprimer 13 500 postes, vous vous apprêtez à priver les futurs enseignants d’une réelle formation qui leur permettrait de faire convenablement leur métier. Votre réforme de la formation des maîtres est injuste et inapplicable.
Injuste, parce qu’en repoussant d’un an l’entrée de jeunes dans la fonction publique vous privez de nombreux étudiants d’une rémunération dont ils ont besoin pour faire leurs études.

Injuste, parce que toutes les universités n’offriront pas les masters exigés pour entrer dans l’enseignement, ce qui créera une inégalité entre les territoires.

Injuste, car de nombreux départements ruraux, dont celui de l’Ardèche, vont voir leur antenne IUFM fermer, en raison de l’asphyxie financière imposée aux universités. [..]

Injuste, parce que vous sacrifiez la formation professionnelle. [..]

Enfin, votre réforme est inapplicable parce qu’une fois de plus, vous voulez l’imposer sans concertation, à la va-vite, dès la rentrée prochaine, alors que rien n’est prêt, comme le prouve la question que vient de vous poser René Couanau. Une seule raison à cela : racler les fonds de tiroir de l’État en diminuant encore de 20 000 le nombre des postes d’enseignant. C’est le plus important plan social qu’ait connu notre pays ! [..]

M. Xavier Darcos
. [..] Êtes-vous (le parti socialiste) contre l’augmentation du niveau de qualification des enseignants ?[..]Êtes-vous contre la revalorisation sensible de la profession enseignante et l’augmentation des débuts de carrière que permettra la masterisation ? [..] Êtes-vous opposés à l’offre de stages rémunérés et de bourses, que percevront notamment les plus démunis ? Êtes-vous contre la possibilité offerte aux professeurs, une fois qu’ils auront été reçus au concours, d’être en alternance pour apprendre à découvrir leur métier ?Au fond, contre quoi êtes-vous ?
M. Pascal Terrasse.
Contre les suppressions de postes !
M. Xavier Darcos
. Les suppressions de postes ne sont pas motivées par le projet, à deux ans, de masteriser les concours. Il ne faut tout de même pas tout mélanger !
Enfin, vous avez évidemment raison de défendre les antennes IUFM. Mais les universités vont les accueillir en leur sein et nous allons organiser avec ces dernières les stages des étudiants nouveaux titulaires, de sorte qu’ils pourront, dans le cadre de ces antennes décentralisées, continuer à être en contact avec leurs maîtres et avec les établissements.

En conséquence, il n’y a pas de projet de fermer les antennes IUFM. N’affolez pas l’opinion au sujet d’un projet ambitieux, dont la France a besoin.


Nos commentaires
basés sur des extraits du dossier de presse de Xavier Darcos (janvier 2009):
  • "Le fait de recruter des professeurs à bac plus cinq mettra la France dans une situation comparable à celle de tous les pays développés, pour le plus grand intérêt des enseignants."
Pourquoi ne pas accorder tout simplement le grade master aux lauréats du concours ? (décret no 99-747 du 30 août 1999)
  • "50 000 lieux de stages d’observation et de pratique accompagnée seront offerts aux étudiants.
40 000 stages en responsabilité seront offerts aux étudiants."
Pour reprendre un billet précédent de ce blog, en 2008, il y avait environ 44000 présents au concours de professeur des écoles et 55000 présents aux concours CAPES, Agregation, etc.... soit environ 100 000 candidats (cf. ici et ici). Même si quelques candidats sont inscrits à deux concours à la fois, avec 40000 stages en responsabilité proposés par le ministère, certains étudiants en master "métiers de la formation" ne pourront pas y accéder.

  • "Afin d’attirer dans le métier d’enseignant les étudiants les plus motivés, 12.000 bourses sur critères académiques, calculées en fonction du revenu fiscal de référence des familles (jusqu’à 60.000 euros annuels), seront attribuées pour l’année de M.2 aux meilleurs étudiants de M.1. Le montant maximum de ces bourses au mérite pourra atteindre 2.500 euros.
    En outre, pour favoriser la promotion et la diversité sociale et la poursuite d’études des étudiants des familles modestes qui se destinent à devenir enseignant mais qui ne relèvent pas des bourses sociales existantes, les étudiants ayant droit d’une bourse sur critères sociaux de montant échelon 0 (exonération des droits d’inscription et de sécurité sociale) bénéficieront d’une bourse complémentaire de 1449 euros annuels."
Il faut savoir qu'actuellement la 5ème année est rémunérée (salaire mensuel de 1310 euros ou 1423 euros net selon le concours) pour tout le monde et qu'elle compte pour la retraite.... aucune bourse accordée à une partie des étudiants ne pourra être à la hauteur d'un salaire.
  • "Dès leur première année d’exercice, les lauréats des nouveaux concours seront mis en situation d’enseignement à temps plein avec l’aide et le soutien de professeurs expérimentés, tout en pouvant suivre des actions de formation spécifiques en dehors du temps scolaire. À l’issue de cette année, le professeur fonctionnaire stagiaire pourra être titularisé après avoir été inspecté. Au cours de leurs premières années de carrières, ces jeunes enseignants bénéficieront d’un investissement en formation continue plus important qu’aujourd’hui."

Ouf ! ça fait beaucoup pour des gens qui n'auront quasiment pas eu de formation professionnelle pendant leur cursus... Les jeunes enseignants auront un temps plein, ils devront par conséquent préparer d'un coup tous leurs nouveaux cours, se familiariser avec le métier et en plus ils auront une formation continue intense en dehors du temps scolaire (i.e. pendant les vacances)....

Merci à ys1 pour l'information.

4 commentaires:

  1. Une coquille dans ce billet : le salaire annuel de la 5ième année n'est (malheureusement) pas 150 000 euros, il y a probablement un zéro en trop.

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  2. Effectivement merci. J'en ai profité pour donner des chiffres plus précis.

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  3. "Quand je lis ça..."

    http://www.education.gouv.fr/pid146-cid24068/le-recrutement-formation-des-enseignants.html

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  4. Aujourd'hui, une question de Marc Vampa (NC) et une autre de Martine Martinel (SRC). Dans la réponse à la deuxième question (accueillie, si j'en crois le compte-rendu, de manière assez froide), cette phrase du Ministre : "La seule question qui reste posée est celle de la transition.".

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